Maisons aveugles

Des murs de briques, fermés sur la vie extérieur. Sourds aux tumultes du monde.

Un concept imaginé par l'artiste Belge Xavier Delory ...

Xavier explique que son travail veut être une dénonciation par l'extrême de ce qui est le manque navrant de personnalité dans l'architecture des maisons "clé en main" ...

Leur nullité dans l'intégration de ces maisons dans leur contexte environnemental est ici démontré par l'absurde.

Histoire mieux comprendre sa démarche, j'ai posé quelques questions à Xavier ... interview !

Xavier Delory : interview

D’où vous est venue l’idée de ces maisons sans ouvertures ?

Ces maisons aveugles sont le résultat d’une réflexion sur l’habitat standardisé appelé ‘clés sur porte’ qui peuple les lotissements et envahit (enlaidit) les campagnes belges.

Ces maisons sans ouverture symbolisent pour moi, leur manque d’intégration au paysage et leur pauvreté architecturale.

Ces murs représentent également une bunkérisation de l'habitat, un repli sur soi, la peur de l’autre.

L’architecture réelle vous semble devenir elle-même de plus en plus fermée ?

Je ne pense pas qu'elle soit plus fermée qu’avant, c’est plus la manière dont les habitants s’approprient les lieux, c’est une question de culture, d’éducation.

Des projets de potager urbains sont des pistes pour s’ouvrir à l’autre et se ré-approprier l’espace public.

Le problème pour moi, c’est la séparation des fonctions, l’urbanisme de zoning (zoning commerciale, de bureaux, de loisirs,…), et la ghettoïsation de l’habitat.

Sur le plan purement architectural la pauvreté des matériaux mis en oeuvre et le manque d'imagination me chagrine.

Quel est votre parcours, et surtout, comment êtes vous tombé dans l’architecture ?

J’ai étudié l’architecture d’intérieur ensuite j’ai travaillé pendant un certain temps dans le domaine du design et de l’architecture.

Organiser ou penser l’espace, c'est mieux maîtriser la vie ?

Maitriser la vie…?! une volonté des architectes modernistes du début du 20ème siècle, qui pensaient tout résoudre avec une pensée de l’angle droit, cela à donné lieu entre autres aux grands ensembles.

Je pense que l’histoire nous a appris l’humilité, penser n’est pas maitriser. On sème des choses et la vie décide d’y faire pousser des choses s'il pleut suffisamment si l’ensoleillement est bon …

Je vois les architectes et les urbanistes comme des agriculteurs faisant partie d’un ensemble ayant besoin de chaque élément (citoyen, intellectuel, politicien)); ) pour faire sortir de terre de bons projets.

De la brique en autarcie autour de ses murs ! Une allégorie du repli sur soi ? Un doux surréalisme à la Belge ...