Twitter : la fin d'un monde ?

Trop de tweets, trop de bruit ... nos timelines sont elles malades ?

Je constate en tous les cas que la blogosphère s'émeut ces jours-ci de la crise que rencontre Twitter. Si j'avais déjà évoqué les usages intensifs du réseau social selon divers modes, il semble qu'aujourd'hui plusieurs twittos se trouvent en overdose. De quoi ? D'informations. Ou plutôt : de publications. Rapides, pleines de liens. La lecture de Twitter devient chronophage pour plusieurs raisons. D'abord pour faire le tri entre les tweets de conversation et les informations pures. Puis entre ce qui nous intéresse ou pas. Enfin entre les divers niveaux de lecture et de priorité que nous accordons individuellement à l'information. Une belle perte de temps quand on pense que les premiers jours de Twitter nous promettaient une veille immense et efficace. Il y a désormais des outils, des hashtags, des listes, des applications tierces, pour aider à faire le tri. Parce qu'il y en a du boulot pour parvenir à trouver une info pertinente sur Twitter.

Et puis il y a des chiffres qui claquent comme le glas qui sonne au loin, tout là haut sur la colline : Seulement 6% des tweets sont retweetés : sortir du lot devient difficile. On se rend compte aussi de plus en plus que l'impact de Twitter sur la fréquentation des blogs est assez peu significatif ... 71% des messages n'obtiennent ni réponses ni retweets ! Et pour les médias historiques comme les pure players ce n'est pas mieux : en France l'impact de Facebook et Twitter sur les sites d'actu est marginal ! La facilité même de poster un tweet entraîne une masse de messages de plus en plus immense.

Et là où le tri devient vraiment complexe, c'est que la majorité des tweets n'ont pas de caractère réellement informatif mais sont plutôt des récits de vie personnelle. Et malgré cet aspect intimiste et sympathique qui laisserait à penser que la personnalité invite au dialogue, il n’y a pratiquement pas de conversation sur Twitter ! C'est juste la mise à jour continue de vies privées affichées en temps réel au monde entier. Tout cela étant comme de bien entendu étroitement lié à la notion de vitesse. Le culte de l'information tout de suite. C'est assez bien résumé et analysé sur Twitter et le syndrome de la vitesse : la question qui tue y est posée sans ambages : Comment certains peuvent exercer leur métier si tous les 5 minutes ils tweetent ?

La pertinence de Twitter est bien évidemment liée aux individus et les usages qu'ils font de l'outil. Même si les trolls et les comptes fake en tous genres sont légions, certaines pratiques commencent à éclore et à diluer encore davantage la supposée pertinence d'un réseau né pour l'info. Ne parlons pas ici de l'envahissement des kikoolols mais bien du responsable de l'UMP qui s'est fait passer pour un membre du PS : juste édifiant ! Les élites politiques ont pris pour habitude de décrier les blogs. Il est évident que la pratique même du micro-blogging est une réduction encore plus dense de l'activité du blogueur. Inutile de trouver un titre, inutile d'organiser sa pensée : Twitter c'est juste 140 caractères pour faire sens. Un peu court. La lecture de centaines de messages de ce genre tous les jours ne donnerait-t-elle pas une indigestion intellectuelle à venir ? Le partage ininterrompu de mises à jour personnelles et la mise en avant de nos intérêts du moment ne va-t-elle pas conduire la sphère des twittos à devenir une communauté de twitterémotifs repliés sur un ego sans cesse noyé dans la valse des données ? Depuis bien des mois déjà, Twitter est une drogue dure pour les journalistes ... une drogue impure de surcroît, coupée et recoupée par des interventions sociales intempestives. Que fait l'AFP ? Elle twitte aussi bien évidemment !

Abrupte conclusion enfin qui est celle qui m'a inspiré ce vrac de réflexions du vendredi : Twitter n’est plus un réseau social ... serait il en phase de devenir un vaste réseau de personnes asociales ? Un simple agrégateur géant de fluxs pour les médias et les apprentis communicants ? Et vous, êtes vous devenu accro à Twitter ?


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