Ombline [film]

Un film à la douce noirceur qui nous emmène dans les profondeurs les plus sombres et lumineuses de l'âme féminine ... avec du sens.

Ombline est un film qui vous résonne dans la cervelle quelque temps après l'avoir découvert. Il est à la fois un message d'espoir et le puissant révélateur des torpeurs sourdes de notre société. D'abord, le décor principal, c'est l'univers carcéral, dans sa froideur oppressante et sa promiscuité triomphante. Une prison de femmes où évolue Ombline, entre cris, menaces et manipulations.

C'est dans cet univers hostile qu'elle se découvre enceinte, l'enfant de son amour défunt. Une histoire qu'on devine passionnelle, avec l'amertume d'une fin qui résonne comme un drame injuste. Tout dans les éléments qui constituent la trame du scénario est profondément tragique. Mais la mise en image de cette lourde adversité nous la montre concrètement , sans violons pleureurs, comme pour bien signifier que ce ne sont que des épreuves entremêlées. La solitude d'une mère endeuillée par l'injustice, qui devra élever son enfant seule et tout reconstruire malgré la taule et ses féroces horizons.

Les matonnes, les détenues, la place de la famille, chaque forme de mise en abime sociale joue son fil de vie avec ses propres enjeux, ses codes et ses peurs. Sans jamais tomber dans le misérabilisme, la violence gratuite ou le sociétal réaliste larmoyant, ce très beau film donne à voir les femmes à travers leur force. Morale, et physique, la puissance de leur volonté est sublimée par une mise en scène sobre et proche de l'humain, peau contre maux. Les mains tendues suivent les claques dans la gueule, et parfois l'inverse aussi.

Mis à part les quelques banksters les plus aguerris qui gangrènent notre société, il est peu de gens à qui cette Ombline ne fera le moindre effet. Pour tous les parents évidemment, il y aura comme un lien plus fort encore avec ce personnage trébuchant sur le fil très ténu de l'amour maternel mis à mal par une vie pliée sous un ciel de larmes. Et puis toujours, les nuages glissent, cet enfant lui donne l'envie de se battre, tout simplement, et les rayons de soleil viennent alors taquiner les barreaux. Quelques scènes où la bienveillance vient illuminer les instants sombres, l'éveil de l'enfance, la poésie d'un oiseau sur le bord d'une fenêtre aux grilles barrant la liberté.

Une histoire servie par un casting magistral où tous les acteurs campent leur rôle avec la justesse qui sied aux situations, entre le tendre et le rude. Une très belle ode à la féminité combative dont l'apogée culmine dans la maternité.


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