Stupeurs et envergures sont aux rendez-vous dans cet ouvrage qui nous tiens en suspens sans jamais nous lasser ...
Chaque page est une découverte, un détour, un interstice, une lueur vers Michèle, cette femme si ordinaire et à la fois si singulière. Cette femme heureuse, outragée et outrageante à la fois, attachante et authentique qui se décline petit à petit au travers de chaque ligne.
Chaque bouffée de sa cigarette est une bouffée que l'on respire. Nous sommes les confidents de sa torpeur. Nous occupons son espace et l'on se demande lorsque nous allons pouvoir enfin respirer. Silences utiles, souffrances partagées, désir en attentes, nous rentrons dans ses colères, est-ce possible de ne pas la comprendre ?
Nous habitons Michèle au travers de ses possibles et de ses incapacités à raisonner dans l'irraisonnable. Pourtant au quotidien sans s'en rendre compte, la douleur que son père portait déjà, elle combat la vie et y parvient en castrant les sublimations des autres, qu'elles soient parfaites ou non. Elle est la reine, elle décide, elle aiguille, elle frustre, elle jouit de ce qui lui reste de vie, de celle qu'elle s'est inventée comme vie, par chance, par désir, par partage, par opportunités.
Philippe Djian nous livre ici un tronçon de vie dans lequel il nous infiltre par un spectre de la reconnaissance sans ne jamais nous lâcher. À lire dans un espace temps continu pour mieux savourer la mise en haleine que l'auteur nous offre.