Malia : Yellow Daffodils

Des fois la soul, ça saoule. Par delà les grooveries grasses de tremolos rugissants, il existe des disques à la hauteur de l'ambition soul. A savoir toucher l'âme sans irriter le transit auditif. Sensualiser votre espace mental sans faire tomber votre pilosité. Bref vous faire swinguer au plus vrai sens du terme. Le Yellow Daffodils de Malia fait tout ça. Sans forcer.

Et comme ce serait dommage de s'en priver le titre éponyme Yellow Daffodils se voit enrichi par un velouté de trompette signé Erik Truffaz himself. Belle ouverture donc sur un des titres les plus sensuel de l'opus. Mais plus que du cuivre en or, la magie de Malia opére dans sa gymnastique vocale. Quelque part barré entre R'N'B et soul, un grain grave et chaud.

Avec une texture ce qu'il faut de rauque et un phrasé tranché bien net. Une voix black, en somme. qui monte haut et clair puis retombe dans des souffles chauds de basses.

On notera pas mal de titres grooves assez rythmés qui mettent un peu le jazz en sourdine au profit d'un swing pur et frétillant. Et aussi, car il en faut, une plage un peu déconcertante, India Song. Comme la plupart du temps, l'exercice de chanter en français avec une voix typée afro-américain tourne au massacre. (Ne me quitte pas par Nina Simone en est l'exemple appothéose...) Heureusement, le titre qui suit est somptueux de voluptuosité et ouvre des espaces aux couleurs ethniques plutôt réjouissants.

Car la tessiture de l'album est un bijou d'arrangements colorés et léchés. Equilibre subtil entre le scintillant et les nappes synthétiques, l'électrique de cordes et la rondeur d'une percussion tribale. A y regarder de plus près pourtant, la symphonie que voilà est purement numérique. Samplers et électroniques, greffes d'instruments nobles sur des racines éparses. Preuve que le collage des plus beaux sons peut parfois atteindre l'alchimie.

Quelques citations samplées aux plus grands du jazz, et cet aveu d'influences dans le livret. Influences qui vous en donnera plus à entendre le son de Malia. Billie Holiday, Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Louis Armstrong, Nina Simone. Le groove des années 2000 en plus...

Sommaire