En ce moment, la France remet en question avec rage les acquis sociaux des gens qui bossent ... ou pas ? Tour d'horizon d'un mouvement sociétal qui vient de loin.
Annonce fracassante sur Twitter, le gouvernement balance sans ambages sa communication, jugée catastrophique par la plupart des observateurs. Les twittos ont la réplique facile, et l'opération tourne vite au badbuzz en règle. Mais au delà de la contestation virtuelle, on est bien dans une crise plus profonde, où la fracture sociale entre certains et les autres semble se creuser avec une folle intensité. Destinée à faciliter l'embauche dans les entreprises, une grosse majorité des salariés semblent y voir tout de même une menace pour la pérennité de leur emploi, y compris pour ceux qui bénéficient de conventions collectives favorables. C'est d'ailleurs le sentiment qui domine le fond de l'air social depuis plusieurs années, les études consécutives confirmant l'angoisse de tous les salariés, le CDI n'étant même plus considéré comme un rempart suffisant à la précarité.
Des organismes comme la fondation Abbé Pierre ont d'ailleurs axé certaines de leurs campagnes sur le concept du "travailleur pauvre", une idée peu acceptable dans notre société moderne ultra connectée qui continue à véhiculer des représentations ineptes de notre réalité par le truchement des médias. Ainsi ai-je appris il y a quelques semaines que les français qui s'adonnent aux sports d'hiver, le ski et ses riantes poudreuses, ne représentent que 8% de la population. Cela n'empêche pas les chaînes de télé de nous présenter la météo des neiges comme une parfaite évidence.
A l'heure où l'océan de pauvreté s'étend sans fin sur l'Europe, l'annonce de cette nouvelle loi destinée à rendre (encore) plus flexible le monde du travail est regardée avec circonspection. Pour l'heure, le débat semble s'ouvrir de plus en plus sur les idées au sens large, celles qui sont en grande partie à l'origine de la plupart de nos habitudes quotidiennes. La question de l'uberisation a déjà fait couler pas mal d'encre et de pixels, tandis que le concept du revenu de base fait son petit chemin, surtout sur les réseaux sociaux. Et vous, comment imaginez-vous le monde du travail dans les dix prochaines années ? Plutôt le modèle suédois ou chinois ?