Le bizarre incident du chien pendant la nuit
Voilà un livre au titre polaresque en diable qui n'autorise qu'un brin d'interrogation aux premiers abords. Dès la troisième page pourtant, le ton est donné : on est là dans un style narratif insaisissable et violent. Comme si l'auteur c'était notre belle soeur, celle qui ne rate pas une diffusion lobotomisante de la Starac' avec force couinement. Bref, une écriture à priori jetée au fil de la plume ...
Le bizarre incident du chien pendant la nuit est l'œuvre d'un auteur qui a de la hauteur, lui, sur le sujet. Mark Haddon, car c'est lui, outre le fait d'avoir eu pas mal de chance de ne pas être né dans la famille Hassin, est un british qui a travaillé plusieurs années avec de jeunes déficients mentaux en tous genres. Car ce sujet, celui du livre, y est superbement traité sans y toucher une seule seconde. Si l'on ne va pas entre les lignes.
Un peu de pitch maintenant ! Christopher Boone a tout juste 15 ans. Il est autiste. Il est super doué en mathématiques, il voue une adoration pour les diagrammes, les listes, les courbes de Poisson, et peut être surtout, la vérité. C'est lui qui raconte l'histoire, ou plutôt, c'est lui l'auteur fictif du livre de sa vie. Une narration comique et quasi surréaliste qui nous plonge dans la normalité de l'autisme : des conflits anodins. Tout est prétexte à des difficultés qui nous paraissent banales. La couleur des aliments, le désordre dans les choses, les mensonges par omission, tous ces mille détails de la vie de tous les jours sont passés au scalpel chirurgical de Christopher.
Avec une trame où il y a une histoire réelle pour maintenir en alerte, ce livre mène le lecteur d'un bout à l'autre d'une vie heures après heures riche d'enseignements. Car l'ouvrage fourmille de dizaines de schémas et explications en tous genres sur des théories quantiques, biologiques, philosophiques, qu'énumère avec une prouesse folle le jeune Christopher.
Un ouvrage grandiose qui a le bon goût d'avoir déjà été un best-seller aux Etats-Unis et en Angleterre.
Photo : Mark Haddon par © Nigel Barklie
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