A l'occasion de sa sortie toute récente en DVD, retour sur un film sorti en 2009 à ne pas manquer : Hôtel Woodstock, d'Ang Lee.
Il est des cinéastes dont on reconnaît l’univers du premier coup d’œil. Et d’autres comme Ang Lee.
Quel est le point commun entre les combats épiques de Tigre et Dragon, l’histoire d’amour torturée du Secret de Brokeback Mountain, et la fraîcheur flower power de cet Hotel Woodstock ?
Difficile à dire. Si ce n’est peut-être que ce cinéaste n’est jamais vraiment là où on l’attend. Même à l’intérieur des sujets qu’il exploite, il réussit à surprendre.
Le secret de Brokeback Mountain était un western avec deux cow-boys, mais sans saloons, sans duels au soleil, et avec une romance homosexuelle comme point de départ.
Hotel Woodstock est un film sur le festival de Woodstock… où l’on ne voit ni Jimi Hendrix, ni Joan Baez, ni Joe Cocker. C’est l’histoire d’un jeune homme qui se métamorphose à travers cet évènement.
Ce film s’inspire de l’histoire vraie d’Elliott Tiber. Ce jeune architecte d’intérieur, revenu vivre temporairement avec ses parents, leur donne un coup de main à l’hôtel où ils travaillent.
La famille se trouve en grande difficulté financière : les factures s’accumulent. Elliott entend parler d’un festival rock refusé par une ville voisine. Il se dit qu’organiser une grande manifestation musicale pourrait lui rapporter de quoi éponger ses dettes.
Il contacte les producteurs, leur propose un terrain… Les discussions sont délicates, mais un accord finit par être trouvé… La suite, on la connaît.
Hotel Woodstock se place donc dans le regard de ce personnage. S’il n’aura pas le temps d’assister à des concerts, Elliott profitera de l’esprit « sexe, drogue, rock n’roll » de Woodstock, à travers toute une série de rencontres.
Il n’est donc pas ici vraiment question de musique, mais plutôt d’un mouvement porté par toute une génération.
Si les revendications étaient en partie politiques, elles n’étaient pas basées que sur la contestation, également sur un certain hédonisme : la musique, la liberté, l’amour sous toutes ses formes.
Loin de suggérer que « c’était mieux avant », la force du film est d’appeler à retrouver cette énergie et cette foi qui peuvent aujourd’hui paraître perdues.
La mise en scène d’Ang Lee est une nouvelle fois totalement adaptée à son sujet. L’élan de l’esprit Woodstock est donné par des mouvements de caméras dynamique, riche en effets visuels inventifs.
La direction d’acteurs est au diapason, les personnages sont incarnés de manière loufoques, et regardés avec ce mélange d’ironie et d’innocence bien propre à la jeunesse.
Il ne manquerait pas grand-chose à ce film pour être un vrai petit bijou, probablement d’être porté par une narration un peu plus punchy, avec moins de temps de suspension.
Mais ils ne sont pas fréquents, les films qui donnent envie de les vivre.
Je m’explique : si je vous demande quel film vous a fasciné, fait pleurer, fait frémir, fait rire, vous aurez immédiatement plein de réponses en tête.
Mais celui que vous aimeriez vivre, quel est t-il ? Pas simple … si les oeuvres qui veulent bousculer et choquer sont fréquentes, celles animées d’une réelle énergie positive sont assez rares.
En voici une.