Mon histoire du référencement

Et si pour une fois, on commençait par il était une fois ?

J'ai l'envie depuis quelques temps de répondre à ma propre injonction professionnelle, évoquée il y a cela quelques jours : montrer des résultats en contrepartie d'une expertise pleinement assumée. Parce que sur le web, se proclamer spécialiste des pixels en ébullition est devenu un art si peu subtil que cela fait même partie des stratégies racontées ici ou là par les gourous des eldorados perdus. En gros : dites que vous êtes un expert, tout le monde vous croira. Cette tendance de fond se retrouve d'ailleurs un peu partout dans le monde professionnel, où celui qui se met le mieux en valeur fini souvent par gagner du galon. Le feu des projecteurs, tout ça.

Histoire d'en rajouter une couche et pour faire un peu dans le ton confidentiel, voilà qu'il me vient à l'idée de vous conter mon parcours. Il y sera question de belles victoires comme d'échec, mais il y a un point commun dans toutes ses conclusions : ça forge une solide expérience.

Acte I : les prémices

Tout commence en 2002 avec un projet issu de mon job de l'époque ; je suis alors reporter pigiste en radio et rédacteur ici et là, en Languedoc-Roussillon. Le web est tout nouveau et l'ADSL débarque : je décide de lancer un "webzine" baptisé Planète Montpellier. Oui : cela fait donc plus de 10 ans de cela ! Le projet est à cette époque de me donner de la visibilité auprès des rédactions du coin, le format celui d'un portail culturel local. C'est là que ma rencontre avec le référencement se fait : j'ai besoin de lecteurs, donc de visiteurs ! Cette logique implacable prend tout son sens alors que je balbutie à peine mes premières lignes de code, soutenu vaillamment par le CMS Spip !

L'avantage de commencer un projet web il y a si longtemps, c'est que le terrain était vraiment désert. En commençant à lire les forums Webmaster Hub puis WebRankInfo je commence à me familiariser avec les bases du référencement. En gros : faire des liens à travers les annuaires. Tout simplement. Certains utilisateurs parlent déjà de qualité du contenu, du poids du texte comme facteur important dans les classements. J'applique à la lettre ce que je découvre et teste aussi pas mal autour de ma manière de coder.

Au bout de quelques mois à peine, le résultat est stupéfiant : le site truste toutes les premières places, y compris devant des gros institutionnels comme par exemple le festival Montpellier Danse ! Avec une équipe de rédacteurs bénévoles, nous parvenons à fédérer un lectorat fidèle, des commentateurs, et même des partenariats avec de grands acteurs du secteur culturel de la ville. Fort de ce succès sur la toile, un projet dingue est lancé : partir à l'assaut de nouveaux lecteurs avec un vrai journal, en papier cette fois-ci. Une réalité qui a pu se mettre en place durant quelques mois sous le nom savoureux de Bioutifoul avant de se terminer définitivement aux alentours de 2005. Deux années où j'ai déployé trois axes pour mon trafic : le contenu, les liens et la réécriture d'url.

A cette époque mon mot clé à placer partout était simplement "Montpellier" : mon stratagème fut de renommer mes fichiers article.php par montpellier.php ! Bingo super plus bifluoré : Google a adoré ! Le genre de plan qui ne fonctionnerait plus de nos jours !

Acte II : Tribords

En 2005, je fais l'acquisition d'un nom de domaine que vous connaissez peut-être : tribords.com Oui : avec un "S" à la fin ! J'ai alors déménagé de Montpellier pour m'installer à Nice. Malgré un trafic assez costaud de quelques 500 à 1000 VU/Jour, je ne peux plus m'occuper de ce projet à distance. Il faut dire que la force de ce "blog" tenait avant tout dans sa proximité. Les gens dont nous parlions n'avait souvent pas Internet chez eux, il y avait l'effet de nouveauté, voire d'intrigue, qui me poussait à aller gratter dans l'underground. Maintenant, un nouveau départ s'annonce : fini le local, Tribords sera un lieu de partage.

Mon modèle d'alors : feu iciOnAime ; une sorte de fourre-tout numérique plein d'esprit et d'envie. un peu dans l'esprit de ce que j'essaye de mettre en place aujourd'hui avec Les-Internets.org mais en beaucoup plus audacieux pour l'époque. Le concept : plein de belles images, principalement des gadgets, le lien vers la source d'origine, un petit mot. Le genre de site qui fait ça très bien aujourd'hui : Rhooo du camarade Patrice.

En mettant en place Tribords, je commence à me perfectionner en intégration XHTML : je suis alors très attentif aux billets de Deadly Breakfast qui me fait littéralement aimer les styles CSS. A la recherche d'un emploi, je montre mes compétences ici et là et peaufine mes réalisations. Toutes les agences web de Nice sont contactées par mes soins, avec un joli mailing bien ficelé en HTML, et un citron jaune pour logo. Début 2006, une webagency m'appelle pour me rencontrer : ce sera TXCX !

Acte III : les années TX

Engagé sous le titre fabuleux de "webmaster" ma mission est de rendre la vie plus facile à toute l'équipe ; développeurs, graphistes. L'agence a un gros client qui se lance dans le secteur des ventes privées : EspaceMax. Au fil des mois mes compétences en rédaction web sont mises à profit, jusqu'à ce que le glissement opère sans même y faire attention ; je commence à m'occuper du référencement du client, avec succès là aussi. Par la suite, je suis chargé de la gestion des campagnes Google Adwords. Économe et jamais à court de synonymes, mon cap à maintenir est de 0,10 euros le clic. Beaucoup de mon temps est désormais pris à évangéliser sur les bienfaits de l'optimisation SEO, des titres H1 soignés, et même de l'implémentation de flux RSS. Cette fabuleuse expérience avec des gens super compétents m'a permis de donner libre cours à l'utilisation inventive des outils qui font le référencement. A savoir : du temps pour la réflexion, des stratégies bien choisies pour objectifs, des moyens pour la mise en œuvre. Le site se positionne la plupart du temps deuxième sur le terme générique "ventes privées".

Une de mes grandes techniques de cette période fut d'analyser les mots qui fonctionnent le mieux sur Adwords pour adapter mon ciblage en référencement naturel. Dans un contexte de site "fermé" il n'y avait que quelques pages à optimiser pour améliorer le positionnement. Cela ne m'a pas découragé et mes camarades Laurent et Olivier ont tout fait pour mettre en place mes préconisations tout en restant dans la ligne de la direction artistique pointue concoctée par David. Au vu de cette réussite et du savoir-faire de TXCX dans le domaine de la mode, un nouveau projet voit le jour. Pensé en amont avec un esprit SEO-friendly et esthétique à la fois, ce site navigue toujours aujourd'hui : c'est Vitrines-parisiennes.com !

Objectif Shopping mode

Voilà le mot clé générique adopté pour le site : "shopping mode" et bien entendu toutes les variantes du genre. La concurrence est déjà assez féroce à l'époque, et je parviens à hisser le site sur ce positionnement en première ou deuxième place après quelques mois de soumissions dans les annuaires. Mes sources de linking se diversifient peu à peu et j'obtiens aussi un budget pour la négociation de billets sponsorisés. La blogosphère des fifilles est déjà influente et les référents obtenus apportent tout de même une bonne vingtaine de visiteurs par jour. Au bout d'un mois, ça change quand même un peu les stats : + 1000 clics !

C'est aussi durant cette intense période que je publie mes premiers "communiqués de presse" et démarre une veille attentive sur les blogs SEO de tous les bords.

Acte IV : Buzzistic

Après l'annonce d'une opportunité, nous voilà repartis pour les vertes prairies d'un nouvel horizon, direction la Dordogne. Toujours très lié à mon ancienne agence, je collabore désormais avec eux en télétravail, plus précisément sur la rédaction du blog "mode" de ce site e-commerce. Quelques 200 billets plus tard, la stratégie change pour donner plus de poids aux réseaux sociaux : le blog ne fait plus partie du plan. En parallèle, je tisse des liens avec plein de créateurs ou blogueurs ici et là, développant Tribords pour en faire un blog "divertissements" qui court après le buzz.

Dès lors, l'ancienneté du nom de domaine et mon linking de qualité commencent à jouer en ma faveur. Nous sommes dans une ère où demander un lien à quelqu'un n'est pas encore reçu avec méfiance ou hostilité. La popularité suit gentiment la courbe des backlinks obtenus en retour sur la blogosphère. C'est bien simple : durant l'année 2009, la quasi totalité de ce que je publie se positionne tranquillement en première page. Le prix de ces superbes résultats ; une énergie dingue employée à faire de la veille pour dénicher tout ce qui se fait de beau, design, insolite, partout sur le web. A un moment donné, je publie 10 billets par jour pour Tribords, et ensuite 3 billets pour Vitrines Parisiennes dans une même journée !

Ce rythme de dingue a bien évidemment beaucoup plu à Google : c'est ce qui a fait la montée en puissance de Tribords, qui culmine jusqu'à 12.000 visiteurs uniques/Jour au mieux de sa forme. Je déploie également plein de techniques tordue pour mixer/densifier le contenu onsite à grand renfort de PHP. Je développe ainsi l'idée d'enregistrer les recherches Google pour les manipuler en les affichant sous les articles. De générer des textes aléatoires placés ici et là dans des coins de mon contenu.

Parallèlement à tout ça, je commence à fidéliser plusieurs clients, dont l'école ISEC à Paris, le site e-commerce LeFromage.fr et plusieurs autres projets. Je ne peux donc plus tenir mon rythme de fou furieux sur mon blog, et le trafic lui aussi commence à s'éroder. L'expérience de s'occuper de défis intéressants est plus forte que de diffuser à toute allure des ramdams mal ficelés pour des internautes invisibles. C'est ainsi que ma spécialisation en référencement prend ses marques. Les bons résultats se suivent : première place sur "école de coiffure" ; "fromages fermiers" ou "psychanalyse" pendant plus de deux ans, premières pages pour tous les projets, durabilité dans le temps. Mon approche est alors un peu trop orienté vers le linking, avec l'idée que les clients sont maîtres de leurs contenus. Maintenant, je les tarabuste beaucoup plus pour qu'ils se mettent à écrire !

Depuis que je me suis installé dans mon rôle de conseil pour accompagner les entreprises, je passe beaucoup de temps à expliquer ces bases qui, en réalité, sont loin d'êtres évidentes. C'est ainsi que j'ai commencé à donner des formations, avec pour idée de donner toutes les clés en main à chaque stagiaire. Décrypter ce qu'est un lien hypertexte, comprendre le fonctionnement des moteurs de recherche, penser le contexte, se forger une culture numérique générale. Le plus important étant souvent de savoir où on va, et pourquoi on y va.

Le background obtenu à force d'observer les autres blogueurs comme mes propres résultats d'expérimentation sur le terrain forgent ainsi l'expertise. Compte tenu du fait que les fondamentaux du référencement n'ont pas tellement changé, c'est en quelque sorte une dose d'intuition qui me porte maintenant. Pour choisir mes projets avec soin, m'engager dans des stratégies cohérentes, guider et faire passer mes préconisations au client. Cela s'acquière en aimant réellement Internet, en y ayant passé de longues heures à rater des projets, bredouiller un billet un peu personnel comme je le fais ici, partager des contenus, participer sur un forum, exterminer du spam à la pioche. Et regarder inlassablement, l'oeil fébrile, ses statistiques. Avec modération, bien évidemment ! ;)


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