Blogs : un assourdissant silence

La blogo face à Facebook ... #suite

C'est une question toute bête qui vient un peu se greffer en contrepoint du bruit continuel généré par les commentateurs pas si innocents que ça. Les marins filous qui débarquent avec leurs ancres. 

Au delà des avis qui sont motivés par un joli lien dofollow bien optimisé pour un référencement aux petits oignons, qui sont les visiteurs des blogs qui ne disent rien ? 

Que pensent-ils de nos écrits qui peuplent la blogosphère à une échelle si vaste et infinie ? 

C'est que si l'encre ne coule plus, les claviers sont désormais fumants tant la prose de la blogo est variée, dense, diverse. Des milliards de caractères espaces compris hantent les chemins de traverse numériques. Oui : ça existe.

Pourquoi je pense à ce genre de problématique incongrue après plusieurs longs jours sans venir poster ici quelque chose ? Précisément parce que j'étais en proie à un audit webmarketing pour un de mes gentils clients. Et que mes réflexions autour de l'étude de son cas m'ont mené à voir les choses en creux. 

Soit dans le cas du e-commerce ; débusquer les internautes qui n'achètent pas. Je ne vais pas m'étaler ici sur les abandons de panier et taux de conversions : juste dire d'où vient cette pensée appliquée à l'art de bloguer. 

Si je me penche sur mes chiffres à titre d'exemple, les résultats sont édifiants : l'engagement (la participation) est ici faible, et le trafic toujours fort. Alors certes, si tous ces internautes de passage quittent mon blog via un clic grassement rémunéré, tant mieux pour mes épinards. 

Mais quand même : ma vorace curiosité aimerait tant avoir des réponses sur cette question toute simple qui s'applique à tous les écrits qui constituent la trame éditoriale d'un blog : qu'en pensez-vous ?

Pour obtenir la pensée des gens qui nous lisent, on a tout de même des outils. 

Le premier, basique et pourtant pas toujours utilisé : demander explicitement l'avis aux lecteurs. Si on ne leur demande pas, les internautes ne sont pas en majorité des interactifs, habitués qu'ils sont à subir la médiacaste télévisuelle à sens unique. 

Ils n'ont pas pour habitude qu'on leur demande leur avis de manière directe : ils commentent le journal télévisé en famille ou à la cantine du coin naturellement. Sans qu'on y pense, l'opinion est partout autour de nous. Mais elle relève de l'intime et de l'individu qui pour le moment ne se sent pas encore l'utilité de partager ses idées. 

Sur le terrain à l'époque où j'étais reporter radio cette réalité était mon lot permanent : les gens pensent souvent que ce qu'ils ont à dire n'est pas important et déclinent facilement l'invitation à prendre la parole. Et cela va au delà de la simple timidité.

Les usages sont probablement en train d'évoluer et les citoyens que nous sommes vont certainement apprendre à désirer s'exprimer. Sans que cela ne soit une impérieuse nécessité non plus. 

La dictature de l'opinion sur tout et n'importe quoi ne doit pas prendre le pas sur la liberté de garder le silence. Les nouvelles technologies ne semblent toutefois pas encore assez ancrées dans le paysage quotidien des gens pour que l'on puisse délimiter véritablement ce qui relève de l'abandon face aux pratiques numériques (interfaces, ergonomie) ou du simple refus de s'exprimer.

Avant l'avènement de notre ère numérique, les avis se partageaient souvent autour d'une information en favorisant l'opinion : on commentait un fait assez significatif en y apportant son avis personnel. 

Le fait que chacun puisse maintenant éditer et publier soi-même son commentaire sur le monde qui nous entoure a enclenché un deuxième niveau de lecture et d'interaction : nous sommes maintenant dans la discussion.

Bon ben c'est pas le tout, mais vous en pensez quoi vous, de tout ça ?

Le splendide illustration de ce billet est signée du camarade designer graphique suisse Peter Megert : une triple flèche magique !


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