Ani Di Franco / Revelling Reckoning

La guitariste la plus étonnante des années 2000. Un parcours déjà bien entamé, plein de maturité et de sensualité. Au bout du compte, un double opus aux facettes contrastées.

Double crème. Ni plus ni moins. Ce petit bijoux que voilà est une galerie de genres bien différents, mais toujours dans le même ton, quelque part entre le folk et le jazz. Il y a d'abord la voix, incontournable, toujours vagabonde entre les registres sucrés, amers, rauques, sensuels, et qui rappelle un tant soi peu Fiona Apple la petite surdouée de vingt-trois printemps. Même genre de petit bout de femme pour la gymnastique vocale, avec le ton suggestif en plus. Mais là où ça se gâte, c'est que la première galette pousse très loin dans les arrangements électroniques et les chœurs à foison. Des pistes bien brouillées donc, sur ce double album, dont certaines ressemblent à s'y méprendre à des envolées vers les Spice Girls ou du Prince de bas étage, mais avec le son Di Franco. Tout cela laisse un peu la même impression que l'album Midnight Vultures de Monsieur Beck.

Comme si l'artiste n'était pas vraiment ce qu'on aurait voulu qu'elle soit, comme si elle jouait de son talent sans y toucher. Etrange me diriez-vous. Et vous n'auriez pas tort. Les basses sont exceptionnelles, cristallines et grasses à la fois, nettes et bien tranchées. La guitare n'est pas en reste (surtout sur la deuxième partie) et donne à elle seule toute la mélodie et ce petit coté balade harmonique à l'album.

Malgré le coté un peu austère du portrait ainsi brossé pour cet opus, il y a un petit quelque chose qui accroche indéniablement. Confusément, on sens qu'à force de réécouter en long et en travers cette petite symphonie, on finira par comprendre. Comprendre pourquoi on l'aime. A écouter au plus tôt pour juger de par soi même.

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