Un web social bien inégal
Tous égaux dans le social ? Pas du tout !
Je bafouille ce billet suite à une réaction suscitée par la lecture de Social commerce : mythe ou réalité ? chez le camarade Chob : j'y ai évoqué le cas des installateurs de volets roulants sans la moindre malice. Alors pourquoi donc ? Qu'ai je donc contre les stores qui font la joie de nos belles soirées d'été s'éternisant sur des couchers de soleil infinis au crépuscule de nuits folles ? Rien, en vérité. Sinon qu'il ne sont pas à mon sens des offres particulièrement social-ready. Et la plupart du temps, leurs prestations ne sont pas sexy du tout. Je m'explique.
Depuis début 2010 environ, on nous tanne le cuir avec le web social, les community managers, le besoin impérieux pour les entreprises d'être sur les réseaux sociaux. J'ai moi même cédé à la mode puisque je suis maintenant CM pour la page fan de Vitrines Parisiennes (que je vous recommande chaudement au passage) et que je vous concocte désormais chaque semaine un classement des pages Facebook en France pour suivre le mouvement ... Il est indéniable que la possibilité de s'afficher dans les murs d'activités des internautes lambda en glissant ici et là des réclames bienveillantes est une opportunité ultime pour les aventuriers de l'e-commerce. Alors donc, où je veux en venir ?
Il me semble qu'il y a un frein évident à la viralisation et à la réussite d'une entreprise sur le web dit "social" : c'est l'activité même de la société qui communique. Sans un effort particulier pour présenter autrement certaines activités, il me semble que certaines présences sur Facebook sont vouées à l'échec. Aussi satisfait que je sois de mon jardinier qui m'économise bon nombre d'heures à débroussailler ma pelouse sauvage, il ne me viendrait pas à l'idée de relayer ses services par le web social, à devenir fan sur Facebook, et même : à lui proposer une stratégie sur les réseaux sociaux. Par contre, je peux parler de ses qualités à mon cercle de connaissance au cas où l'occasion se présente. Ou définir un angle inédit qui mette en valeur son travail de manière résolument décalée.
Car voyez-vous, sur Facebook, il n'y a pas de place pour la normalité ou le banal. Nous sommes abreuvés de vidéos et autres ramdams instantanés étudiés pour optimiser la viralité au maximum. Quelques rares exemples à priori austères parviennent parfois à susciter l'intérêt par une approche via l'humour, mais ce sont là des cas bien rares orchestrés par des agences coûteuses qui ne sont pas à la portée de tous les entrepreneurs.
Pour reprendre l'exemple de mon jardinier, je vous fait le topo d'un plan webmarketing qui puisse fonctionner un tant soi peu. Profiter de certains clients prestigieux. Dans la Dordogne éternelle où je coule des jours heureux, il y a des milliers de châteaux. Conseil à mon jardinier : prendre en photo ses plus belles réalisations dans ses splendides demeures, mettre en place des échanges de liens avec les sites de ces loueurs de rêve, imaginer ce qui peut faire penser aux gens : cette page Facebook me permet de découvrir l'intérieur de tous ces splendides manoirs que je vois le long de la route. On axe sur le patrimoine, on attise la curiosité du chaland. Et par ce biais on distille l'idée que ma petite périgourdine serait aussi bien traitée qu'un château. Tout cela est bien joli, mais la vraie question est de savoir si un gars qui a déjà des tonnes de choses à faire toute la journée va prendre la peine de mettre en place cette stratégie éditoriale assez chronophage ?
La réponse est souvent : non. Les chefs d'entreprise et artisans sont débordés et ne sont pas prêts la plupart du temps à de tels efforts pour un retour sur investissement si aléatoire que la réputation sur les réseaux sociaux. Il en découle donc deux attitudes peu utiles à leur développement : ils n'y vont pas et l'affaire est classée, ou ils y vont et ne proposent rien de nouveau ni palpitant.
Pour résumer, je dirais que sans une différenciation forte des concurrents déjà en place, il est particulièrement vain de tenter de se faire une place sur Facebook pour qui veut augmenter son chiffre d'affaires. Le préalable avant de vanter ses produits ou ses offres est de bien réfléchir à leur valeur réelle, et de cerner ce qui fait son caractère unique. Si une entreprise ne se valorise que sur la différence de prix vis à vis de ses concurrents mais qu'elle n'apporte rien de différent de manière tangible, l'affaire me semble mal embarquée. Le règne de l'originalité sévit désormais sur la toile, et même le savoir-faire n'est plus à l'abri de l'indifférence. Il me semble qu'il est aussi du rôle des agences de ne pas vendre et brader par tous les moyens des prestations de community manager à des entreprises qui ne sauront pas se démarquer. Je vous colle en exemple ci-dessus une photo réalisée en shooting pour la boutique fashion Vitrines Parisiennes : ils ne se contentent pas de vendre des fringues en récupérant des photos produit auprès des marques. Ils se font chier grave à faire des mises en scène toutes plus sublimes les unes que les autres. C'est leur patte esthétique qui marque la différence. C'est aussi cette matière photographique unique qui permet de les vendre sur les réseaux sociaux.
Non : tout le monde n'a pas sa place au soleil dans le monde bien huilé de l'influence digitale. Un travail en amont sur la spécificité de votre offre est indispensable à l'existence sur les réseaux sociaux. Trouver l'angle qui rende votre offre plus séduisante, plus inédite, furieusement hilarante ou follement insolite. Soyez unique dans le réel, puis passez au virtuel ! :)
Auteur : Simon Tripnaux
Blogueur lifestyle - Content manager & expert SEO. Mon job, rendre visible et lisible vos projets par les mots. Adepte de l'écriture depuis 1978.
Blogueur ? Auteur ? Rejoignez la rédaction !
Et aussi ...
Kit startup : BackPack
L'envie de vous lancer dans le monde des startups vous démange ? Arrêtez de vous gratter : voilà un ouvrage qui va vous donner du courage ! Depuis les sources de financement aux méthodes pour la gestion de votre équipe, le bouquin que voilà est...
GetShopped
GetShopped c'est un plugin pour transformer votre Wordpress en site e-commerce ! Et en plus GetShopped c'est tout gratuit comme tout ! Plusieurs modules et moyens de paiement sont disponib...
Gamebook
Gamebook est un blog qui recense tous les jeux dispo sur Facebook ... On nous demande gentiment d'en parler alors comme on se sent clairement responsable de l'avenir de Facebook...
Ajoutez votre avis !
4 avis lumineux
Effectivement, on vois trop souvent des approches des réseaux sociaux qui se limitent à "je crée ma page facebook, super !".
A coté de cela, des plateformes comme MyFab ou l'Edito proposent des modèles économique entièrement basées sur le collaboratif... et mine de rien le crowdsourcing. Tout le monde se fait avoir, du client qui est livré avec des délais record en terme de longueur, le designer qui 9 fois sur 10 a travaillé gratuitement. Mais tout le monde est content. Le 2.0, c'est à la mode...
Le 2.0, entre ignorance et social dumping déguisé, il y a un certes un juste milieu.
Trystan
Je suis effectivement d'accord avec la fin de votre article.
Tout comme il existe des endroits qui ne sont pas touristiques, il existe des entreprises qui n'ont pas d'originalité.
Toutefois cela ne veut pas dire qu'elles ne peuvent se démarquer, comme vous l'avez bien souligné.
Travaillant dans le tourisme (secteur de produits immatériels par excellence), je note qu'une destination sans identité est comme un package sans produit. Dès lors, comment vendre un produit qui n'existe pas ?
Réponse, en le créant. Et c'est ici qu'une stratégie sur les réseaux sociaux peut aider à la stratégie globale d'une destination et à son positionnement. Mais ce n'est pas une mince affaire.
Pour vous rejoindre, je note une pollution des réseaux sociaux par les pros, Facebook notamment, où ceux-ci préfèrent faire du push stérile plutot que créer du pull original et ingénieux.
Pourquoi ? pour plusieurs raisons.
1. certains veulent simplement dire/montrer qu'ils sont sur les réseaux
2. en effet, le ROI est délicat a percevoir
3. le temps que demande la réflexion et l'organisation est une perte de profit
4. Ils n'ont pas compris que les archaïsme de la communication à l'ancienne sont révoqués
Est-ce pour cela que 6 millions de comptes FB ont été "fermés" aux USA ces derniers mois ? A voir.
Quoi qu'il en soit, j'ai tendance à penser que FB commence à se mordre la queue en cherchant absolument asseoir son modèle économique au plus vite.
Il ne faut pas oublier qu'un réseau social est avant tout social et que c'est peut-être justement ce que les internautes recherchent en premier lieu. Sûrement pas à se laisser polluer et à être une fois de plus considéré comme des consommateurs sollicités en permanence.
Tumy
Pour moi les réseaux sociale, c'est le nouveau anti depresseur, on voit des "etaient à la plage", "travaille à Gold societe" , est "en boite de nuit", finallement derriere tout ca, les gens ont toujours une vie de merde, mais ca les rassure de croire que non en l'affichant publiquement. Revenons aux vraies rencontres !
Je ne crois pas à ce mythe de l'originalité, car quelque chose qui serait originale serait immédiatement recopiée (et vous le savez), les seuls qui peuvent se targuer d'originalité sont les "gros" et "très gros" même ! ils brevètent et ont des avocats implacables.
La différence ne se faisant jamais sur une page de réseau social, qui n'est juste qu'une façon d'être dans la tendance aux yeux de tous, genre "j'y suis", je suis dans le moove, mais le dur c'est la banque, la finance, la stratégie de communication payante, le reste c'est du mou (et vous le savez).
Aucune entreprise sérieuse ne serait assez débile pour mettre sa survie en jeu en se basant sur facebook et twitter !...
Autres trucs à lire :
– Rétrofuturisme geek ! Twitter 1935
– #Areuh #ReReRe L'arnaque du Re:
– #poesie #vue #rue #bonheur Vous ne regardez même plus le sol
– Le blog LE TITRE DE BRUNO JUNIN par Bruno